mardi 25 novembre 2014

Fred Pellerin - magique

Dans ce cinquième chapitre, drôle et rocambolesque, Fred Pellerin continue de faire vivre les légendes de Saint-Elie-de-Caxton, son village natal. 
Cette fois, c’est autour de Méo, le coiffeur… ou décoiffeur du village, (que l’on découvrait au travers des précédents spectacles) que l’histoire s’articule.

Au village, Méo veilla pendant longtemps sur la capillarité générale. À décoiffer juste à point, il su prendre de front tous les tenants de la raie droite et monotone. 
Le génie frisait la folie. Ou l’inverse. Et peu importe. Ça se tenait ensemble...



A croire que Noël se fête avant l'heure, Fred Pellerin revient enchanter Paris avec les histoires rocambolesques de son village natal, Sainte Elie de Caxton.

Nul besoin d'avoir vu les spectacles précédents pour comprendre celui-ci, le conteur saura vous inviter dans son univers en quelques phrases, et vous serez suspendus à ses lèvres, les oreilles en alerte, le cerveau en ébullition, les zygomatiques en suspension.

Sur scène, trois fois rien : une chaise, un micro, quelques instruments. 
Pour moi, qui l'ai déjà vu à plusieurs reprises, cette image-là est déjà source de frisson. Quelque chose de magique se prépare, dans l'ombre. 
Tout est là, dans ce mètre carré, qui va s'animer et prendre vies à travers ce conteur hors-temps.

Il y en a si peu, au final, qui manie la langue avec autant d'amour, autant d'humour. 


On sort de ce spectacle comme enveloppé et réchauffé, nourri de poésie, de musique et d'air pur. ça sent la veillée, la famille, la simplicité, le bonheur à portée de main.

Vous qui ne le connaissez pas encore, que je vous envie de le découvrir pour la première fois.

A l'Alhambra du 30 novembre au 3 décembre

26 rue Yves Toudic, 75010
Tarifs : 35€ (Cat 1), 30€ (Cat 2)

dimanche 9 novembre 2014

Les coquelicots des tranchées - puissant

Les Coquelicots des tranchées est la fresque d’une famille qui va traverser la guerre 14-18.
Ce spectacle nous fait voyager de la cuisine d’une ferme au Grand Quartier Général, d’un bout de tranchée au lupanar des officiers, d’un lit conjugal à une scène d’hôpital…

Autre temps fort de mon Festival Avignon Off 2014, cette chronique de la famille Lesage pendant la guerre 14-18.

12 comédiens bouleversants de justesse nous donnent à revivre les heures sombres de la Grande Guerre à travers les yeux et les coeurs des membres d'une même famille.

La simplicité ingénieuse des décors et de la mise en scène nous font passer en quelques secondes de la ferme familiale au QG des armées, puis d'une tranchée à l'hôpital, sans jamais perdre le spectateur en route.

Sujet difficile, intense, traité sans pathos par une troupe investie et sincère : on en sort reconnaissant, ému et profondément vivant.

Quand théâtre et devoir de mémoire se rencontrent, cela donne un rendez-vous incontournable.
 
Ce spectacle a reçu le label "Centenaire" délivré par la Mission Centenaire 14-18, ainsi que le prix du public du Festival off d'Avignon 2014.

Texte de Georges-Marie Jolidon, adaptation et mise en scène Xavier LEMAIRE
Avec Bérengère Dautun, Sylvia Bruyant, Christophe Calmel, Marion Champenois, Eva Dumont, Franck Jouglas, Céline Mauge, Didier Niverd, Manuel Olinger, Thibault Pinson, Vincent Viotti, Philipp Weissert
 
Théâtre 14 : Représentations du 11 novembre au 31 décembre 2014
Mardi, vendredi et samedi 20h30
Mercredi et jeudi à 19h
Matinée samedi à 16h
Relâche exceptionnelle le mercredi 24 décembre
 

Le Bal des Vampires

Dans un petit village, dont les habitants sont terrifiés par une étrange présence, Sarah, la fille de l’aubergiste, est soudainement enlevée. Alfred, transi d’amour pour elle, et le professeur Abronsius partent à sa recherche. Elle est retenue au château du terrifiant Comte Von Krolock dont les deux voyageurs parviennent à retrouver la trace. 
Mais ils découvrent vite que le château abrite des buveurs de sang. Les vampires sortent de leurs tombes, le bal peut commencer...

Le Bal des Vampires, dernière production Stage Enterainment au Théâtre Mogador met les petits plats dans les grands : 36 artistes, 230 costumes, 150 perruques - on ne lésine pas sur les moyens pour ressusciter le film parodique écrit par Roman Polanski et Gérard Brach en 1967. La comédie musicale, elle, existe depuis 17 ans et est déjà "acclamée pour plus de 7 millions de spectateurs dans 12 pays".

Qu'à cela ne tienne, avec une telle réputation mes attentes sont élevées en matière de grand spectacle avant le lever du rideau...

Je ne suis pas déçue sur les décors, lumières et ambiances : c'est grandiose et ingénieux, depuis la montagne enneigée jusqu'au château du Comte Krolock en passant par l'auberge chalet, la crypte, la salle de bain, la bibliothèque, le cimetière... le spectateur voyage!
On voit rarement des scénographies de cette envergure, autant ne pas bouder son plaisir.

Côté comédiens, David Alexis campe un professeur Abronsius hilarant et assure avec brio les morceaux de bravoure de la partition musicale (sans apnée!), Raphaële Cohen est naïve à souhait en Sarah cédant à la tentation, et le trio Koukol/Magda/Rebecca fonctionne à merveille en ressort comique.
Un regret : que Sinan Bertrand ne soit pas plus mis en valeur (rôle secondaire du fils Krolock).

Ce qui m'amène au Vampire avec un grand V, j'ai nommé le Comte Krolock, et à ce qui au final a cloché pour que je sorte du spectacle totalement vampirisée... la sensualité! Ou plutôt son absence!

L'acte 1 se déroule gentiment avec scènes d'exposition et présentation des personnages et se termine sur un des plus beaux tableaux.
Au retour de l'entracte, on assiste impuissant à une scène digne d'une sitcom où notre vampire et sa proie, ne sachant trop que faire d'eux-mêmes, déambulent sagement sur scène en chantant la chanson guimauve (pardon) phare) du spectacle, adaptée du best seller "Total Eclipse of the Heart" de Bonnie Tyler... et là malheureusement les espoirs de l'acte 1 se retrouvent éteints par une intrigue au final bien lente à se dérouler, qui ne suffit plus à masquer la tiédeur de ses protagonistes.
Il reste plusieurs tableaux qui feront antologie (le cimetière mouvant, les portraits qui bougent) mais pendant lesquels on se dit au final qu'avec autant de moyens, le spectacle manque d'audace et d'un sacré brin de folie.

Alors oui, ce sera sûrement le succès de la fin d'année, et rendons à Roman ce qui lui appartient : ça envoie du bois.
Mais je ne peux m'empêcher de penser à "Rocky Horror Picture Show" : une mini-transfusion de cet esprit-là dans ce Bal des Vampires-ci aurait suffit à lui donner le goût de soufre qui manque pour en faire un spectacle grandiose.




Au Théâtre Mogador - 25 rue Mogador, 75009 Paris

Toutes les infos sur le spectacle ici.

jeudi 6 novembre 2014

Macbeth au Soleil


Première incursion à la Cartoucherie de Vincennes et son Théâtre du Soleil pour assister au Macbeth d'Ariane Mnouchkine.

Lieu qui se mérite, perdu dans la nature, un brin onirique. On sent qu'on arrive "ailleurs", tout est différent et échappe au théâtre traditionnel comme on l'entend : caisses extérieures, choix de la situation des places sur panneau, grande halle repeinte aux couleurs du spectacle, tablées où l'on partage le menu du soir, très raisonnable.

Puis l'entrée dans la "salle" : vue imprenable sur les coulisses/vestiaires des comédiens sous l'escalier qui nous amène en haut des gradins. On croit à peine au nombre des costumes alignés sur les portants : mais on réalisera vite qu'une telle production demande autant de personnages et d'habits...
Coin instruments imposants à droite de la scène  - on devine que le spectacle sera total.
Bruit de tambour, de gongs, ça commence, c'est la guerre et ses canons, ses tranchées, ses buttes...
Sur la scénographie, les décors, le visuel et le sonore on trouvera peu à redire : retomber en enfance et en émerveillement est simple devant tant de virtuosité. J'ai rarement vu autant de lieux différents se succéder, avec un grand réalisme, dans la même pièce.


Malgré tout cela, malheureusement, je passe à côté du spectacle. Le jeu des
acteurs me brouille la compréhension du sujet, trop caricatural, trop ampoulé, le texte de Shakespeare étant déjà complexe et particulier en lui-même, je me prends à souhaiter une simplicité qui permettrait d'humaniser les personnages, tout du moins lors des scènes d'exposition. Ce n'est pas le cas, les tics et la folie grandissants ne participent pas à éclaircir la compréhension.

C'est dommage, le projet est ambitieux et la troupe impressionnante, mais à part le formidable McDuff, je reste sur ma faim.

Il faudra donc que je revoie Macbeth, ailleurs, pour enfin le comprendre.

Cartoucherie - Théâtre du Soleil , Paris
du 23 avril 2014 au 16 janvier 2015
Durée : 4 heures entracte inclus 

Réservation par téléphone auprès du théâtre ou via Theatreonline