jeudi 12 mars 2015

Dans la peau de Cyrano - droit au coeur


Colin entre en 6ème dans un nouvel établissement.
Pas facile de passer du monde de l’enfance à celui des grands, surtout quand on est « différent ». La route est semée d’embûches…
Mais une rencontre déterminante avec un professeur de théâtre, figure paternelle et bienveillante, guidera ses pas vers un nouvel essor, comme une seconde naissance. 

Le Théâtre des Béliers Parisiens vous fait un précieux cadeau en accueillant ce spectacle.

 

Précieux, c'est le mot : un comédien seul en scène (Nicolas Devort, bouleversant) va vous raconter l'histoire de Colin, en incarner tous les personnages, et vous faire traverser une foule d'émotions avec... rien. Son corps, sa présence, sa générosité, et parfois une chaise ou une guitare. Une simplicité désarmante.

 

On parle parfois de "tour de force" : ici tout est fait avec douceur, avec précision, la petite musique de Colin m'est restée dans le coeur depuis que je l'ai découvert en Avignon l'été dernier. 

 

L'affiche dit "tout public à partir de 7 ans" : permettez-moi d'insister sur le TOUT public. Il ne s'agit en rien d'un spectacle dédié uniquement aux enfants, et je suis encore toute étonnée et émue de ce que cette histoire a pu trouver comme écho en moi, qui ai depuis longtemps rangé mon cartable. Je vous invite donc à y aller, même si vous n'avez pas d'enfant pour vous accompagner! 

 

Attention, c'est tous les dimanches à 15h30 du 15 mars au 19 avril : dépêchez-vous donc de réserver votre place, c'est à ne pas manquer!

 

Infos et réservation ici 

Places à tarif réduit  et critiques spectacteurs

Compagnie Qui va piano


jeudi 5 mars 2015

Les amoureux de Marivaux - drôle et décalé!

De l'oeuvre de Marivaux, une sélection des plus belles scènes d'amoureux, ponctuée de chansons françaises, de Gainsbourg, Polnareff, Sylvie Vartan...
 
Quatre comédiens jouent quinze personnages, se transforment, dansent, chantent et offrent une lecture originale des pièces de Marivaux sur une mise en scène de Shirley et Dino.

Voilà un spectacle qui ne manque pas d'air, d'énergie, et de culot!
Les bien-nommés "Mauvais élèves" revisitent cinq pièces de Marivaux et dépoussièrent les classiques atermoiements amoureux avec une énergie et un humour contagieux!
On est loin des cancres du fond de la classe : de leur frustration en cours de théâtre (trop) classique ils ont créé un petit bijou qui vient vous réveiller les neurones et les zygomatiques en osant des relectures tout bonnement hilarantes.
C'est fait avec un naturel désarmant et un plaisir évident : impossible de ne pas embarquer avec ces 4 énergumènes qui jouent, dansent et chantent a capella avec brio!
Nul besoin de décors alambiqués, la mise en scène de Shirley et Dino, acidulée et rigolote, met en valeur les comédiens et le Petit Poche est l'écrin idéal pour les découvrir de près. 
Dernière annoncée le 14 mars, au vu du succès 5 dates exceptionnelles ont été ajoutées les 17, 19, 20, 24 et 27 mars à 19h.
Dépêchez-vous donc pour les vitamines c'est mieux que le jus d'orange ou le Guronsan!
Allez-y à plusieurs : hier soir il y avait de tout dans la salle, de l'enfant jusqu'au retraité, et tous sont sortis avec la banane!

  
Du 06 JANVIER AU 14 MARS 2015 - 19h du mardi au samedi, 17h30 dimanche
Prix des places : Plein tarif 24€ / Tarif réduit 18€ / Tarif jeunes -26 ans 10€

lundi 2 mars 2015

Lorenzaccio - sacrée fresque!

Aujourd’hui, on dirait de lui qu’il est un « infiltré » parce qu’il mène une double vie, celle de Lorenzo, surnommé par sa mère Lorenzino, le pur et le généreux qui a décidé de se dévouer à la liberté; et celle du débauché, du corrompu, qui mérite le surnom méprisant de Lorenzaccio dont l’affublent les Florentins.
La pièce de Musset, qui noue plusieurs intrigues parallèles, s’articule autour de ce double jeu. L’histoire se passe en 1537. Florence vit sous le joug d’une brute sanguinaire, le duc Alexandre, bâtard des Médicis. Son cousin Lorenzo passe pour son compagnon de luxure, poltron et sans scrupules. Un trompe-l’œil où le héros lui-même finira par se perdre. 

Lorenzaccio de Musset est une pièce fleuve, à tiroirs, à intrigues, on n'est pas loin de House of Cards chez les Médicis. Comme quoi nos (anti-)héros modernes n'inventent rien.
Sacrée fresque, sacré texte, il fallait le courage d'un metteur en scène exigeant,
"porteur du théâtre de texte et de langue", pour adapter ce fleuron du drame romantique français. Gérald Garutti s'y colle, et avec une troupe de 30 comédiens (dont 13 amateurs pour le choeur).
 
Culotté, car le texte est loin d'être facile: j'avoue je mets un peu de temps à "rentrer" dans la pièce : pour la simple et bonne raison que j'y vais sans avoir vraiment révisé l'histoire avant... vous voilà prévenus!

Là où réside l'intelligence et la beauté de ce spectacle, outre le talent indéniable de ses interprètes (j'y reviens), c'est dans la scénographie : Garutti s'attaque à un sacré morceau, et opte donc pour un cadre tout simple : un plateau vide délimité en carré par des draps suspendus. D'où surgiront à l'envie comédiens, choeurs, éléments de décor discrets et, souvent, de grandes bandes de tissu (drapeau/bannière jaune, soie bleue...) qui serviront autant d'élément de décor que de transition entre les scènes, ou encore de costume. 
C'est d'une fluidité remarquable, apportant légèreté et poésie aux transitions entre les scènes.

Autre association brillante : la musique. Elle est à la fois discrète et sait se faire indispensable dans les scènes dramatiques (dont la dernière, tableau frappant).
 
La distribution, enfin : il fallait des comédiens de taille pour relever ce défi et rendre la pièce intelligible, haletante, inexorable. 
C'est chose faite avec entre autres Stanislas Roquette (Lorenzaccio), Olivier Constant (Cardinal Cibo) et Claude-Bernard Pérot (Philippe Strozzi), sacrés passeurs du texte de Musset.
 
Avec une trentaine de comédiens sur scène, sur une pièce fleuve, la gageure est relevée et donne envie de voir plus souvent de ce théâtre engagé, de troupe, qui donne à voir et à réfléchir.

La pièce, créée au Théâtre Montansier en février dernier, sera de passage au Théâtre de Suresnes du 6 au 8 mars, puis à la Criée de Marseille du 2 au 4 avril 2015.